Parce que ça fait un an que vous me suivez en ligne. Parce que le yoga avec Émeline ce n’est pas que moi. Parce que même si sur Zoom vous ressemblez à des Sims sur un tapis, je sais que vous existez pour de vrai et que chacun d’entre vous est unique. Vos histoires, vos blocages et vos envies m’inspirent énormément pour composer mes cours et pour avancer en tant que professeure. J’ai donc décidé de mettre en avant vos belles énergies et vos pratiques au travers d’interviews.
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La magie des miracles fait que l’on vient rarement au yoga par hasard. On le rencontre généralement au moment où des épreuves croisent notre chemin, lorsque l’on a un problème à résoudre, lorsque l’on cherche a changer de vie professionnelle ou personnelle… Tamara par exemple a déclenché un syndrome peu connu en juin dernier et depuis, alors qu’elle est totalement ignorée par la médecine classique, elle a choisi de se soigner autrement : de façon holistique. Elle cherche et fouille dans tous les recoins de son corps et de son esprit pour comprendre et s’adapter, afin de mieux vivre au quotidien avec ce syndrome. Elle pratique entre autre le yoga de façon régulière.
Dans cette interview, Tamara nous parle de sa relation avec le yoga et nous transmet de beaux messages. Elle nous rappelle à quel point il est essentiel de regarder le positif dans chaque situation et d’apprendre à mieux se connaître… et à partir de là : faire des merveilles ! Et Tamara, elle en fait des merveilles : cette déviation lui a donné l’idée de lancer son podcast au sujet des maladies invisibles. J’espère que son témoignage fera écho à votre expérience personnelle et qu’au travers de ses mots vous ressentirez cette résilience et cette force de vie qui animent Tamara.
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ENTRETIEN AVEC TAMARA
Coucou Tamara, peux-tu te présenter ?
Tamara : Je m’appelle Tamara, j’ai 29 ans, j’ai une grande passion qui est malheureusement rarement praticable, c’est la plongée sous-marine. J’adore écrire, lire, le yoga, la méditation. J’ai toujours aimé la fête et les concerts, mais les choses ont changé depuis l’arrivée du syndrome du mal de débarquement dans ma vie.
Veux-tu nous en dire plus sur ce syndrome ?
Tamara : J’ai développé le syndrome du mal de débarquement au mois de juin après avoir été sur un bateau avec des amis. C’est une maladie neurologique qui se déclenche en général après avoir été en mer, après un long courrier en avion, ou un long voyage en voiture. Ça peut aussi arriver sans déclencheur mais c’est plus rare.
Cette maladie neurologique crée la sensation de tanguer H24, comme si justement j’étais restée sur ce bateau avec ce mouvement constant d’oscillation. Les sensations changent et peuvent être plus ou moins violentes. C’est comme la mer justement. Elle peut être agitée ou calme. Je ressens une fatigue chronique. J’étais une personne très active et maintenant je suis très calme… Je mets 3h à sortir du lit le matin ! Je me réapprends… Ça me provoque également du brouillard cérébral, des douleurs dans la nuque, ça me donne des nausées, des vomissements, des troubles cognitifs comme la perte de mémoire, des troubles de la concentration, une hypersensibilité à tout ce qui est bruit, foule, lumière… et j’en passe. Beaucoup de symptômes !
La médecine classique ne m’apporte absolument rien, au contraire, ça a été des pieds et des mains pour être diagnostiqué. Les neurologues qui seraient censés être les plus susceptibles a poser un diagnostic sur cela, car c’est une maladie neurologique, ne le font jamais et prennent cela pour du psychosomatique, alors que la maladie existe vraiment ! Au Canada et aux États-Unis cette maladie est connue et des hôpitaux fameux comme le Mont Sinaï font de nombreuses recherches et tests à ce sujet.
J’ai participé à une émission sur France 2 qui s’appelle « ça commence aujourd’hui », dans laquelle j’ai pu parler de ce syndrome et qui a révélé que beaucoup de personnes avait également ça, mais sans diagnostique. Et depuis on discute ensemble et l’on se rend compte qu’il y a des points commun chez toutes et tous. Le syndrome concerne plutôt les femmes (80%), donc il y a une base hormonale qui est altérée. Ça touche souvent des personnes stressées et anxieuses de base, avec des troubles intestinaux. Moi je me suis rendue compte que j’avais de la prolactine, l’hormone que l’on déclenche à l’accouchement, alors que je n’ai jamais accouché. J’ai une tumeur bénigne dans l’hypophyse. Et je viens de savoir que j’ai une maladie intestinale qui s’appelle le Sibo qui crée beaucoup d’intolérance alimentaire.
Avec cette vision holistique, je me rends compte que ce sont tous ces facteurs, combinés au déclencheur qui était le bateau, qui ont permis à cette maladie de se développer.
Ce que tu dis fait écho à mon expérience personnelle. À 17 ans j’ai eu une algodystrophie du pied qui est arrivée sans déclencheur. La médecine classique ne m’a pas aidée, sauf pour me prescrire des antidouleurs capables de shooter un cheval et me faire totalement déprimer en me disant que j’allais garder des béquilles de 1 à 3 ans… J’ai eu la chance d’avoir des parents ouverts qui m’ont emmenée voir d’autres types de médecins. Au bout de 2 mois, je posais les béquilles et aujourd’hui je marche ! C’était dramatique comme les médecins ont classé mon cas comme « incurable. Tu te fais des piqures antidouleurs et tu acceptes.» Je me suis imaginée boiteuse et à ne plus pouvoir faire de sports pour le reste de ma vie.
Tamara : C’est fou à quel point beaucoup de personnes sont touchées par des maladies difficilement diagnosticables ou qui sembleraient être incurables. J’ai une grande critique actuellement de la médecine dans ses spécialités qui ne voit jamais le corps comme quelque chose de global et d’entier. Je ressens un peu de colère contre ça actuellement.
Lorsque l’on est touché par ces maladies, c’est tout un système de vie à remettre en question, a changer, une hygiène de vie à mettre en place… Il faut parfois adapter son boulot. Il n’y a aucun accompagnement pour ça, pour nous aider à avancer de manière globale, pour améliorer sa qualité de vie. Même si ce n’est pas forcément pour guérir, mais au moins pour mieux vivre le quotidien.
« Ce déclencheur, qui à la base est négatif amène finalement des choses très positives. Dans la recherche d’aller plus profondément à la rencontre avec soi, avec son corps, avec les douleurs. Ça fait partie des effets secondaires positifs d’un malheur de vie. »
Quand et comment as-tu découvert le yoga ? Quelles ont été tes premières impressions ?
Tamara : Je crois que j’ai découvert le yoga quand j’étais ado. Je devais avoir 16 ou 17 ans. Je ne me souviens pas exactement, mais je crois que j’ai très vite été confronté à mes limites. J’étais au milieu de personnes qui devaient pratiquer depuis longtemps et de façon régulière et du coup j’observais ces femmes autour de moi en me disant « mon dieu je n’arrive pas à faire 5% de ce qu’elles font ». Je me suis sentie très limitée, mais en même temps il y avait quelque chose que j’appréciais.
Ensuite j’en ai fait de manière très épisodique. Je testais de temps en temps. Il y avait bien une certaine attirance mais de loin.
Et puis je suis allée à une séance d’ostéopathie chez Floriane et lorsque je lui ai parlé du syndrome et de mes symptômes, elle m’a conseillé d’essayer le yoga avec toi. Elle a trouvé du sens à m’aiguiller vers toi et elle avait raison. J’en trouve aussi puisque c’est la première fois que j’ai une pratique régulière. Et il y a vraiment un petit goût de « reviens-y » à chaque fois donc c’est hyper chouette.
C’est comme si pendant des années j’avais vu le yoga de loin avec une semi intrigue, sans jamais vraiment me lancer et ce déclencheur, qui à la base est négatif — enfin moi je vis mon syndrome très difficilement — amène finalement des choses très positives. Dans la recherche d’aller plus profondément à la rencontre avec soi, avec son corps, avec les douleurs. Ça fait partie des effets secondaires positifs d’un malheur de vie.
Que t’apporte le yoga dans ton quotidien ?
Tamara : Ça m’aide beaucoup pour ce qui concerne le trouble de l’équilibre. J’ai très peu confiance en mon corps actuellement, je ne sens pas de stabilité et d’assise et avec le yoga, quand j’en fais pendant une heure par jour avec toi, j’ai de nouveau cette sensation de stabilité, d’équilibre, d’ancrage. Ce qui est beau c’est que je ne le conscientise même pas sur le moment. J’arrive à sortir de l’observation du fait que je ne suis pas stable. Comme ces symptômes sont tout le temps présents, je les observe h24 et quand je fais le yoga c’est comme si j’arrivais à sortir de cette observation.
Comme je suis moins en confiance avec mon corps, forcément je l’aime un peu moins parce qu’il me créé des difficultés dans mes mouvements. Mais avec le yoga, je me reconnecte à lui dans des sensations qui sont positives : la force, la puissance, un ancrage profond. C’est presque une réappropriation du corps.
Au niveau des étirements c’est très agréable car je ressens une tension corporelle permanente. Le corps qui essaye de se stabiliser, mes pieds sont sans cesse crochetés parce qu’ils essayent de me faire tenir, ma nuque est très tendue pour pas que je vacille trop. Donc ça me permet de relâcher ces tensions en profondeur.
Et tes cours me donnent de l’énergie. Hier j’étais dans une profonde fatigue, je suis venue au yoga à reculons et je suis ressortie avec de l’énergie.
Les flexions arrières sont compliquées. Avoir la tête en bas me donne des vertiges et ça crée beaucoup de nausées. Mais j’essaie quand même. C’est le challenge, quand je vois que tu écris « cours de yoga flexions arrières », je me dis « noooooon !!!! bon allez j’y vais. ». Le moment de la relaxation finale fait aussi revenir très fortement les symptômes. Ça parait bizarre car la relaxation par définition c’est ce qui apaise et pour moi c’est ce qu’il y a de compliqué. Je pratique la méditation depuis 5 ans mais aujourd’hui c’est très difficile de rester immobile et focalisée sur mon corps, sur les sensations.
As-tu des références à partager (livres de yoga, développement personnel, philosophiques, autres…) qui t’accompagnent sur la voie spirituelle ?
Tamara : Joli monstre : un voyage fascinant à travers l’anxiété de Sarah Wilson. C’est un livre que j’ai trouvé absolument fabuleux. Il traite de l’anxiété mais je trouve qu’il est tout a fait transversal et touche d’autres sujets. La couverture est splendide avec une grande pieuvre. On entre dans la sphère intime de Sarah Wilson qui a été diagnostiqué aux Etats-Unis avec toutes les maladies possibles : bi-polaire, avec des tocs, borderline, anxieuse chronique… et c’est un livre qu’elle écrit presque comme un journal intime, qui est d’une transparence et d’une puissance avec les mots. Il y a aussi des passages très drôles. Ce qu’elle vit peut être tellement violent et extrême, que ça en devient drôle et ça permet de dédramatiser la vie, de désamorcer les situations. Il fait plus de 300 pages et je l’ai dévoré en 2,3 semaines.
Tu lances ton podcast les invisibles, peux-tu nous en dire plus ?
Tamara : J’ai eu l’idée de ce podcast suite à mon passage dans l’émission sur France 2. J’ai débarqué là-bas de façon complètement naïve et puis en repartant je me suis rendue compte à quel point on était nombreux à avoir des maladies invisibles, à ne pas être entendus, et à ce que l’on nous colle des étiquettes du type : « tu es jeune, tu es souriante, tu as l’air d’aller bien ».
J’ai réalisé que ces témoignages avaient besoin d’être partagés et entendus pour que d’autres puissent s’identifier. Après avoir déposé mon témoignage, j’ai eu envie de recueillir ceux d’autres personnes. J’ai donc fait un appel à témoin sur les réseaux sociaux qui a eu des retombées immenses et toutes les personnes qui m’ont contactée ont des maladies différentes.
L’idée est d’interviewer une personne par épisode, en parlant de la maladie dont elle est atteinte. Ça ne va pas être que des choses négatives : il y aura des messages d’espoir, on parlera de ce qui aide ces personnes dans le quotidien pour que d’autres puissent s’appuyer sur ces témoignages.
Pour l’instant, le premier épisode a été enregistré mais il n’est pas encore sorti. J’ai fait le teaser avec mon conjoint qui est musicien et compositeur et moi la voix.

J’ai aussi ressenti ce besoin de témoignage et d’être écoutées après ma formation du yoga de la femme. J’ai eu beaucoup de femmes qui m’ont contactée au sujet de problématique typiquement féminine comme l’endométriose.
Tamara : Je crois qu’il y a une femme sur 10 touchée par l’endométriose et quand on voit l’errance médicale alors que c’est une maladie tellement propagée. J’entendais justement sur un podcast le témoignage d’une fille qui a débarqué 10 fois aux urgences à cause de son endométriose et à chaque fois on la renvoyait chez elle. Ça me parait complètement dingue !
Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Tamara : Oui, comme tu parles du Yoga de la Femme, ça me fait penser à quelque chose. J’en parle beaucoup avec mon conjoint de ce que tu nous fais faire et ce que tu nous dis par rapport aux énergies lunaires, au fait d’être en lien avec les cycles lunaires, nos propres cycles. Et pour l’anecdote, je lui racontais l’autre jour les énergies du moment et lui est prof de saxophone et une de ses élèves lui dit : « je ne sais pas ce que j’ai mais depuis 2, 3 jours je suis fatiguée », et il lui répond : « mais tu en es où dans ton cycle ? Et aussi par rapport à la lune car là on est dans une phase décroissante ». Et cet échange a créé un super lien entre les deux. Il m’a remerciée pour ça et moi je me suis dit « mais merci Émeline ». Il y a des conseils qui ont été donné à cette fille que tu ne connais pas, par mon conjoint grâce à toi. Ça a un effet magnifique ! J’ai trouvé joli que dans la parole d’un homme ce genre de sujet puisse aussi être discuté.
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Vous pouvez écouter le podcast les Invisibles sur Spotify. Plus d’infos sur le compte instagram.
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